Le succès de la fin de l’épidémie d’Ebola a reposé principalement sur l’engagement communautaire, un des piliers de la riposte rapide qui a contribué à stopper les cas des nouvelles infections à d’Ebola à Mbandaka en Equateur.

Quarante-deux jours après qu’aucun cas de maladie à virus Ebola n’ait été signalé dans la ville de Mbandaka et de Wangata, la population de la ville de Mbandaka se trouve dans la période de résilience depuis la déclaration de la fin de cette épidémie le 04 juillet 2022. Pendant la période de résilience, les communautés sont appelées à l’observance stricte de mesures de protection notamment, le lavage de mains à l’eau et au savon, l’interdiction des salutations par la main, l’interdiction à la manipulation des cadavres, l’interdiction à la consommation des animaux trouvés morts. C’est au cours de cette période qu’interviendra la fermeture des deux centres de traitement d’Ebola situés dans les deux communes de la ville de Mbandaka. Si la fin d’Ebola à Mbandaka est devenue une réalité c’est à cause d’une part de l’engagement de toute la communauté à combattre ce fléau à travers l’observance des mesures barrières et d’autres part l’adhésion d’un nombre suffisant à la vaccination contre la pandémie.

La fin de la 3ème épidémie d’Ebola à Mbandaka : un arbre qui cache la forêt

Derrière le succès d’éradication de la 3ème épidémie d’Ebola à Mbandaka se cache le travail acharné d’engagement communautaire réalisé par les ONG locales comme l’Association des Médias Communautaires de l’Equateur et des ONGs Internationales comme Internews et OMS. L’engagement Communautaire consiste à reconnaître et valoriser les membres de la communauté en tant que partenaires égaux, de s’assurer que leurs opinions sont entendues et prises en compte dans la conception de la stratégie de lutte contre la maladie.

C’est grâce à cette stratégie de communication que l’on a pu avoir la participation de la communauté locale dans la lutte contre Ebola.  « La participation aux clubs d’écoute nous a permis de rencontrer les experts et de leur poser des questions que nous récoltons auprès des jeunes du quartier », déclaration de Roger PENGO, un habitant du quartier MUBENGA dans la zone de santé de Wangata en Ville de Mbandaka. Pour Roger, entendre la voix des membres de la communauté soumettre leurs préoccupations et trouver des réponses à cela a provoqué une forte admiration de leur personne de se sentir impliqué directement dans la lutte contre Ebola.

Un responsable d’une ONG locale se faisant vacciner après une séance d d’engagement communautaire Focus groupe avec les femmes à Mbandaka. Crédit photo AMACEQ

Pour arriver à engager la communauté dans toute sa diversité, l’ONG AMACEQ avec l’appui d’Internews contribue aux efforts du ministère de la santé et des autres partenaires à travers la production des bulletins d’informations radio dénommé TOBENGANA Ebola. Produit 3 fois la semaine et diffusé plus de 3 fois par jour dans au moins 4 radios communautaires de Mbandaka. Ces productions traitent des questions recueillies au cours des tables rondes, des discussions et ou causeries éducatives, des focus group mais aussi de l’actualité. Jusqu’au mois de juin 2022, les activités d’engagement communautaires sont parvenues à réunir plus 700 personnes parmi lesquelles 300 femmes. Ces activités ont permis de collecter plus ou moins de 500 rumeurs au total. Le bulletin OYO TOWUTI KOYOKA (en français : ce que nous venons d’entendre) a fourni des réponses à plus ou moins 30 rumeurs jusqu’en juin 2022.

Les groupes marginalisés au cœur de l’action d’engagement communautaire

Fort de son expérience en matière d’engagement communautaire des groupes marginalisés et de son expertise dans la lutte contre les fausses informations, Internews a avec son partenaire AMACEQ tenu à faire participer beaucoup plus différentes catégories des minorités dont les handicapés, les femmes et les vieillards dans ses activités. La participation de toutes les couches de la communauté dans la lutte contre la MVE a permis d’engager les Ebola-scéptiques dans cette lutte sanitaire. Ceci a provoqué un changement positif dans la communauté.

« Au cours de l’une des séances de club d’écoute organisées à Mbandaka, une des participantes alors farouche au message de sensibilisation contre Ebola, et dont l’enfant était déclaré cas contact  dans l’entourage d’une personne infectée par Ebola, a fini par déclarer que son enfant était en contact avec la personne infectée et qu’il fallait l’emmener pour le faire examiner. Cette révélation été faite après la séance d’écoute et de discussion sur la thématique relative à la surveillance à base communautaire.  C’est juste après avoir déchargé son fils après un moment de suivi qu’elle est devenue convaincue des messages partagés dans les focus groupes organisées » nous a déclaré le responsable de l’AMACEQ, Peter GBIAKO.

D’un autre côté, Madame Pamela INGELE, du quartier IKONGO, toujours dans la commune de Wangata, a exprimé sa joie de voir que juste après la déclaration de Ebola, rien n’a attendu pour que la voix de la femme de Wangata se fasse entendre. « Cette implication a soulagé les inquiétudes des femmes qui pensaient que les questions épidémiques ne concernaient que les hommes » a-t-elle fait savoir avant d’ajouter que le fait d’aborder des questions de vaccination anti-Ebola à la lumière des questions relatives à la santé de la reproduction avec les femmes dans un focus groupe, a été une opportunité pour les femmes rurales de s’exprimer librement avec toute considération.

Focus groupe avec les femmes à Mbandaka. Crédit photo AMACEQ

Un engagement communautaire tous azimuts : près d’un million des personnes atteintes sur les réseaux sociaux

La diversification des activités d’engagement communautaire a permis non seulement de collecter les feedbacks de la communauté à la base et sur les réseaux sociaux mais a aussi permis de partager le retour d’informations vérifiées à travers les mêmes canaux de communication pour atteindre un nombre significatif.

Au 30 juin 2022, 20 publications faites sur la plateforme sociale facebook ont touchées plus d’un million des personnes avec plus de 900 milles lectures et 41 milles engagements toutes publications confondues. https://www.facebook.com/TobenganaEbola/                       

Au moins 52 programmes radio sont produits en lingala et français au 30 juin et diffusés plus de 3 fois la semaine dans 4 radios partenaires.  « L’intérêt qu’a suscité la diffusion des productions d’Amaceq auprès des auditeurs a poussé la direction de la radio à multiplier le nombre des rediffusions des programmes. Nous sommes quittés de 3 diffusions à 10 diffusions par jour à la grande satisfaction des auditeurs » déclare le directeur de la Radio Zoé (une radio communautaire de émettant à Mbandaka), Junior IFUFA dans une interview accordée à l’AMACEQ.

Dans une interview accordée aux journalistes de AMACEQ le 11 juillet, le Maire de la ville de Mbandaka, DIDI EDADA a félicité les partenaires impliqués dans la communication pendant la période Ebola dans sa ville et a assuré que c’est grâce aux activités d’engagement communautaires que la population s’est approprié la lutte contre la maladie. « Ceci est la raison pour laquelle la riposte a été rapide avec une réalisation efficace » a-t-il ajouté.

Après la déclaration de la fin de l’épidémie d’Ebola à Mbandaka et sur toute l’étendue du territoire national, les productions AMACEQ et Internews focalisent sur les questions de résilience et de sensibilisation dans la communauté pour réduire les chances de survenance d’une autre maladie similaire et de Ebola.

Fréderic ALINABO